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mardi 4 janvier 2011

Le sens du partage...

Une vidéo circule sur Facebook mais le lien est incorrect, je n'arrive pas à vous la mettre ici.
Cependant, ce texte  tiré de SÉLECTION Reader's Digest résume très bien l'histoire d'un jeune canadien de 6 ans, Ryan, qui fut tant touché par la misère en Afrique qu'il décida de faire sa part...mais quelle part!


Bouleversé, Ryan Hreljac, six ans, écoute Nancy Prest parler de l'Afrique à sa classe de première année. Elle raconte la misère qui accable ce continent, les enfants qui, faute de soins et de nourriture, sont terrassés par la maladie. Ryan, petit garçon aux cheveux blonds et aux yeux bleus, éprouve presque de la douleur quand il l'entend dire que, chaque année, des centaines de milliers de petits Africains meurent parce qu'ils boivent de l'eau contaminée.Nous sommes en janvier 1998, et l'école catholique Holy Cross de Kemptville, en Ontario, collecte des fonds pour l'aide humanitaire à l'Afrique.
«Chaque sou compte, dit Nancy à ses élèves. Un sou suffit pour un crayon; 25 sous pour 175 comprimés de vitamines; 60 sous pour deux mois de médicaments pour un enfant. Et, avec 70$, on peut creuser un puits.»
QUAND SUSAN ET MARK HRELJAC rentrent à la maison ce soir-là, Ryan bouscule presque sa gardienne pour courir vers eux.
«Maman, papa, j'ai besoin de 70$ pour un puits en Afrique!»
Susan, expert-conseil au ministère des Affaires civiques, de la Culture et des Loisirs de l'Ontario, écoute distraitement son fils.
«C'est bien, Ryan», répond-elle tout en s'occupant de son petit frère Keegan, âgé de trois ans.
Au souper, Ryan remet le sujet sur le tapis.
«C'est beaucoup d'argent! lui dit Susan. Nous ne pouvons pas te donner une telle somme.»
Le lendemain, Ryan revient à la charge. «Vous ne comprenez pas! s'indigne-t-il, les larmes aux yeux. Des enfants meurent parce qu'ils n'ont pas d'eau propre!»
Susan et Mark échangent un regard. «Si tu es vraiment sérieux pour ces 70$, lui propose-t-elle, tu peux faire des corvées supplémentaires dans la maison.»
Sceptique, Susan se dit qu'il va finir par oublier cette histoire.
Mais le visage de Ryan s'illumine. Pour l'encourager, Susan dessine un thermomètre. Il y a 35 lignes, lui explique-t-elle, et chaque fois qu'il gagnera 2$, il pourra en colorier une et mettre les sous gagnés dans une boîte à biscuits.
«Mais n'oublie pas, Ryan, ce sont des corvées supplémentaires, pas celles que tu fais déjà!
-- Je sais.»
Première mission: passer l'aspirateur dans toute la maison. Pendant que Keegan et son frère aîné jouent dehors, Ryan s'active durant deux heures. Deux dollars de gagnés! Quelques jours plus tard, au lieu de regarder un film avec sa famille, il lave les vitres. Encore 2$!
Lorsqu'il apprend la nouvelle, le grand-père propose à Ryan et à ses frères d'aller ramasser des pommes de pin pour des travaux d'artisanat. Ils récolteront 10$ par sac poubelle rempli. Au printemps, Ryan reçoit 5$ pour ses bonnes notes. La boîte à biscuits commence à se remplir.
A Pâques, lorsque la collecte de fonds se termine, la classe de Ryan a rassemblé 30$ en pièces d'un cent.
«Je continue à épargner pour le puits», annonce Ryan à sa maîtresse. Corvée après corvée, il a amassé 35$.

EN JETANT UN COUP D'‘IL au «thermomètre» un matin, Susan constate qu'il est aux deux tiers noirci. A qui remet-on 70$ pour creuser un puits en Afrique? se demande-t-elle.
Elle appelle l'école. Personne ne le sait. Mais une de ses amies, Brenda Cameron Couch, qui travaille dans une agence internationale, lui parle d'EauVive, une organisation non gouvernementale d'Ottawa qui rassemble des fonds pour la construction de puits dans les pays en voie de développement.
Brenda téléphone à l'organisation et raconte l'exploit de Ryan à un des responsables.
«Ce n'est pas une somme énorme, mais il a travaillé dur pour l'amasser, explique-t-elle. J'aimerais qu'il vienne vous la remettre en personne.»
La rencontre a lieu fin avril. Tout endimanché, Ryan tend nerveusement sa boîte à biscuits à Nicole Bosley, la directrice d'EauVive.
«Il y a 5$ de plus, dit-il timidement. Vous croyez qu'on pourrait donner un repas chaud aux hommes qui vont creuser le puits?
-- Mais bien sûr! Merci de tout c¦ur.»
Nicole décrit à Ryan les projets d'EauVive pour l'assainissement de l'eau. Elle lui explique que les 70$ permettront d'acheter une pompe à main, mais qu'il faut près de 2000$ pour creuser le puits. Ryan est trop jeune pour évaluer l'importance d'une telle somme. «Je ferai des corvées en plus», annonce-t-il. Grâce à l'Agence canadienne de développement international (ACDI), une somme équivalant au double de celle rassemblée par EauVive s'ajoutera au montant. Ryan devra donc réunir près de 700$ pour son puits.
«Il s'est donné tant de mal! confie Mark à Susan cette nuit-là. On ne peut quand même pas lui dire: «Ryan, tu as essayé, mais c'est trop difficile, tu n'y arriveras pas.» Comment, en effet, un enfant de six ans pourrait-il récolter pareille somme?
L'été arrive. L'écolier, maintenant âgé de sept ans, oublie un peu la classe pour profiter des vacances. Mais il n'en continue pas moins à faire ses corvées. Et Susan envoie ses dons à EauVive. Début août, elle raconte l'histoire de Ryan à Derek Puddicombe, un journaliste à la pige qu'elle connaît de longue date.
«Ça ferait un article du tonnerre! s'exclame-t-il. Je suis certain que le Citizen l'achèterait.»
Puddicombe interviewe Ryan, le Citizen envoie un photographe, mais les semaines passent et l'article ne paraît pas. Ils l'ont peut-être perdu, se dit Ryan, déçu.

C'EST ALORS qu'EauVive appelle la famille Hreljac pour annoncer que les dons pour le puits ont dépassé les 700$. Ryan est convié avec sa mère à une réunion du conseil d'administration de l'agence, en septembre. Ils y rencontreront Gizaw Shibru, directeur pour l'Ouganda de Canadian Physicians for Aid and Relief (CPAR). EauVive participe à la construction de puits en donnant des fonds à CPAR-Ouganda qui, en association avec des villageois, creuse des puits et les entretient.
En arrivant à la réunion, Shibru embrasse chaleureusement Ryan.
«Si j'ai bien compris, tu nous as offert un puits, dit-il. Merci, Ryan.»
Shibru présente la liste des villages qui ont besoin d'eau. Elle est longue. En Ouganda, 46 pour 100 seulement de la population a accès à l'eau potable. Le délégué, à qui Ryan demande si on peut creuser le puits près d'une école, répond que ce serait possible à côté de l'école primaire d'Angolo, dans le petit comté d'Otwal, au nord de l'Ouganda, une région touchée par la guerre civile, la sécheresse et le sida. La source d'eau la plus proche, un marais, se trouve à cinq kilomètres. Beaucoup d'enfants ont le ventre gonflé par les vers intestinaux. Près du quart des élèves souffrent de diarrhée chronique. La fièvre typhoïde et d'autres maladies mortelles dues à l'eau contaminée sont endémiques. Il n'y a pas de médecins dans la région, qui compte 31850 habitants. Un enfant sur cinq y meurt avant l'âge de cinq ans.
Ryan écoute attentivement les explications de Shibru. «Pour creuser un puits avec une foreuse manuelle, 20 personnes doivent travailler pendant 10 jours, parfois plus. Un équipement de forage nous permettrait de creuser un plus grand nombre de puits.» Mais une foreuse mécanique coûte 25000$.
«Je vais ramasser l'argent pour acheter cette foreuse, dit tranquillement Ryan. Je veux que tous les Africains boivent de la bonne eau.»
De retour à la maison, Susan dit à Mark: «Je t'annonce que nous allons collecter 25000$ pour une foreuse de puits.» Le visage de son mari s'allonge. Il se dit que, cette fois, leur enfant va droit à l'échec.

SUSAN ÉCRIT au Citizen pour dire que son fils a rencontré les responsables d'Eau- Vive, et demande quand l'interview de Puddicombe sera publiée. Un rédacteur l'appelle: «C'est pour demain.» Une station de télévision d'Ottawa interviewe Ryan. Dans tout le pays, des journaux reprennent l'article de Puddicombe. Une semaine plus tard, le facteur dépose une lettre dans la boîte des Hreljac. Elle est adressée à «Ryan's Well, Kemptville, Ontario.» Un chèque de 25$ a été glissé dans l'enveloppe, avec un petit mot: «J'aurais aimé envoyer plus.»
Peu de temps après, un autre chèque de 20$ arrive, envoyé cette fois à «Ryan's Well, Holy Cross School». Puis c'est le gros lot: après avoir vu le reportage à la télévision, un groupe de foreurs de puits de l'est de l'Ontario offre à Ryan la fabuleuse somme de 2700$ «pour sa cause».
En deux mois, la foi inébranlable du petit garçon a fait des miracles. La somme recueillie s'élève à 7000$!
Du coup, toute la classe de Ryan décide de se lancer dans la bagarre. Lynn Dillabaugh, leur professeur, est sidérée. Jamais elle n'a vu un enfant inspirer ainsi ses camarades. Il faut l'encourager, se dit-elle.
Lynn annonce aux parents d'élèves que la classe va collecter de l'argent pour un autre puits. Elle place un arrosoir au milieu de la pièce et propose aux enfants d'y jeter des pièces. Elle demande aussi à EauVive de l'aider à organiser un échange de courrier avec l'école primaire d'Angolo. CPAR-Ouganda distribuera les lettres des petits Canadiens et rassemblera les réponses des enfants ougandais.

LA PREMIÈRE SÉRIE de missives est postée en janvier 1999. Deux mois plus tard, un colis arrive d'Angolo. Il contient les lettres adressées à chaque élève. Ryan ouvre la sienne. Sur toute la page, en caractères d'imprimerie, son correspondant a écrit:
Cher Ryan, mon nom est Akana Jimmy. J'ai huit ans. J'aime le soccer. Je vis dans une maison en paille. Comment est l'Amérique? Ton ami, Akana Jimmy.
Dans l'enveloppe, Ryan trouve une photo prise par un membre du CPAR. Pendant des semaines, il ne parle que de son nouveau copain.
«Tu crois que je pourrai le rencontrer un jour?» demande-t-il à sa mère. Susan et Mark espèrent être un jour en mesure d'acheter un billet d'avion pour l'Ouganda. Quand Ryan aura 12 ans, peut-être...
Le gamin répond à son ami:
Cher Jimmy, ça doit être formidable de vivre dans une maison en paille. J'ai huit ans moi aussi. Est-ce que tu bois chaque jour de l'eau de mon puits? Quelle est ta matière préférée à l'école? Je viendrai en Ouganda quand j'aurai 12 ans. Ma maison est en brique. Ecris-moi vite. Ton ami, Ryan.
Soutenu par toute l'école, Ryan persévère dans sa collecte. Il passe des heures à écrire à des organismes pour leur demander des fonds pour la foreuse. Quand les dons arrivent, il écrit un mot de remerciements. En novembre, il a amassé assez d'argent pour que CPAR-Ouganda puisse acheter la nouvelle machinerie.
UN PEU AVANT NOËL, Bruce Paynter, un voisin des Hreljac, demande à sa femme ce qu'elle veut en cadeau.
«Je n'ai besoin de rien», répond-elle. Puis elle se ravise. «Sais-tu ce qui me ferait plaisir? C'est que Ryan puisse aller voir son puits.»
Bruce, qui prend souvent l'avion, offre alors à Ryan des milles aériens pour l'achat de billets d'avion. Lorsque le Citizen publie un appel destiné à susciter d'autres dons, la communauté réagit très vite. EauVive offre sa quote-part pour les billets et de l'argent pour les dépenses.
LE 27 JUILLET 2000, par une matinée brûlante, le camion transportant Gizaw Shibru, Ryan et ses parents arrive aux abords d'Angolo. Aussitôt, quatre enfants se précipitent en sautant de joie.
«Ryan! Ryan! Ryan! crient-ils.
-- Ils connaissent mon nom! s'exclame le garçon, tout surpris.
-- On connaît ton nom à 100 kilomètres à la ronde, Ryan», répond Shibru en souriant.
A l'entrée du village, ce sont 5000 enfants venant des écoles de la région qui attendent le long de la route en tapant dans leurs mains en cadence.
«Descendons», dit Shibru.
La tête penchée, saluant timidement de la main, Ryan passe devant les enfants qui l'applaudissent. Un petit orchestre se forme et marche en tête du cortège jusqu'à l'école primaire d'Angolo.
Les anciens du village accueillent solennellement Ryan, puis l'emmènent à son puits, à côté du potager de l'école. Il est tout fleuri, et ces mots sont gravés sur sa base en ciment:
Puits de Ryan. Construit grâce à Ryan Hreljac, pour la communauté de l'école primaire d'Angolo.
Akana Jimmy, aussi grand et svelte que son ami canadien, attend ce dernier près du puits.
«Salut, dit-il timidement.
-- Bonjour, Jimmy», réplique Ryan.
Ils sont là, côte à côte, mal à l'aise sous ces regards braqués vers eux. Puis Jimmy prend la main de son ami, le moment étant venu de couper le ruban. Plus tard, accompagnés des parents de Ryan, ils vont s'asseoir sur les chaises alignées dans un champ. Un ancien se lève. «Regardez nos enfants, dit-il. Voyez comme ils sont en bonne santé. C'est grâce à Ryan et à nos amis du Canada. Pour nous, l'eau, c'est la vie.»
Une plainte s'élève au milieu de la foule. Le directeur de l'école s'avance et vient déposer un chevreau près de Ryan. «Un présent des gens d'Angolo», dit-il en saluant. Ryan est si surpris qu'il en reste bouche bée. Mark et Susan reçoivent des cadeaux eux aussi, des sculptures en bois et de la poterie.
Deux douzaines de garçons font soudainement irruption au milieu des notables et de leurs invités. Ils forment un cercle, puis, au son des tambours, se lancent dans une danse traditionnelle. Jimmy saisit la main de Ryan et l'entraîne dans la ronde sous les cris de joie de la foule.
Après quatre heures de chants et de danse, Susan se lève pour prononcer quelques mots. «Je voudrais simplement dire que c'est le plus beau jour de ma vie. Il restera à jamais gravé dans mon c¦ur.»
Ce soir-là, inquiète de voir Ryan un peu trop silencieux, Susan lui demande ce qu'il ressent. «Je suis tellement content, maman!» La mère embrasse son fils. Puis Ryan conclut cette inoubliable journée par une dernière requête:
«Je prie pour que tous les gens d'Afrique boivent de l'eau propre.»
Depuis que l'école primaire et la communauté d'Angolo ont commencé à utiliser l'eau du puits de Ryan, les cas de diarrhées infectieuses et de maladies dues à l'eau contaminée sont en nette régression. Les collectes de fonds continuent. La dernière, totalisant 60000$, était destinée au nouvel équipement de forage et aux matériaux de construction de puits en Ouganda. Avec les contributions de l'ACDI, les fonds recueillis ont fait surgir plus de 30 puits. 


Pour plus d'informations, consultez le site www.watercan.com et celui du CPAR (en anglais).

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